"Enfant, je ne me souviens pas avoir vraiment souffert de timidité. Je n'en ai pris conscience (car cela devenait un véritable cauchemar pour moi), que vers l'âge de 15 ans en pleine adolescence donc. La seule idée de devoir me rendre chez l'épicier me paralysait littéralement.
    Lorsque un ou des visiteurs sonnaient à la porte de la maison, je disparaissais vitesse grand V pour m'enfermer à double tour dans la salle de bain pendant au moins une heure. Plus le temps passait, plus mon angoisse grandissait à l'idée de devoir me montrer. Pourtant je savais pertinemment qu'il m'était impossible d'y échapper, le ton de mes parents se faisant de plus en plus pressant à mon égard.

    Je m'interrogeais souvent devant le miroir en coiffant mes longs cheveux blonds pour trouver des solutions à ma timidité qui me faisait piquer des phares. Sentir ce feu monter aux joues, ne faisait que renforcer mon manque de confiance en moi. Je me sentais démasquée, prise en flagrant délit de timidité. Aussi ai-je trouvé une astuce géniale à mes yeux que je testai sur le champ : le maquillage. Sans en mettre des tonnes bien sûr, je choisis un fond de teint fluide dans la teinte de ma peau pour un effet naturel. Dès cet instant, le maquillage représentait pour moi une véritable seconde peau aidant à dissimuler cette rougeur incontrôlable, mes oreilles restant dissimulées sous mes cheveux.
    Effet magique et concluant. Je pris de l'assurance et pus ainsi mieux maîtriser mes émotions.
      Ce ne fut pas l'unique moyen pour autant. J'ai continué chaque jour à travailler pour gagner toujours plus de confiance en moi, mais j'avais solutionné au départ un gros problème et j'étais prête à affronter et surmonter la suite.
      Aujourd'hui encore je dois relever des défis au quotidien de par mon métier et là pas question de se défiler. J'y arrive même si j'ai parfois quelques suées...
    J'affirme que chacun peut y arriver mais c'est vrai qu'il faut se fixer des objectifs à sa mesure et ne pas vouloir décrocher la lune dès le premier jour. C'est un  travail au quotidien mais quelle tranquillité de savoir que je ne me priverai plus de sortie ni de l'occasion de lier connaissance, la nouveauté me faisait très peur dans le passé. Aujourd'hui, ça n'est plus qu'un sombre souvenir."

Une timide qui s'en est sortie grâce au théâtre
      "Pour ma part, je me suis toujours considérée comme une grande perche faisant partie de ceux qui poussent comme des asperges. J'étais hyper complexée à cause de ma taille (1,82m à 17 ans !). En plus de cela, j'étais maladroite. Mes parents ont eu la bonne idée de m'inscrire à un cours d'art dramatique dès l'âge de 16 ans. Là ma vie a radicalement changé et je me suis passionnée pour un art trop méconnu des jeunes.
      J'y ai appris non seulement des textes mais aussi à parler en articulant, à maîtriser ma respiration, à placer ma voix, à gérer le trac ! J'y ai également étudié la gestuelle : savoir me tenir, le port de tête, savoir bouger et me mouvoir, faire des gestes posés et sans précipitation. Des actes naturels, c'est vrai mais quand on vous les enseigne, on réalise que cela devrait être enseigné à tous. Comme d'autres apprennent la maîtrise de soi grâce au sport.

      En tous cas, non seulement j'ai trouvé une passion, le théâtre, mais en plus il m'aura apporté plus que je n'en attendais. Je mets déjà en pratique tout ce que j'ai appris et je me sens de jour en jour plus épanouie. Je connais mes possibilités et je sais que je pourrai m'en servir lorsque j'irai sur le marché du travail (l'été prochain). Je suis fin prête."