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Cinq questions au psy
Alain Meunier, psychiatre
Comment s'installe l'anorexie chez l'adolescent ?
"Un matin, l'anorexique se lève et, au moment de porter la cuillère à la bouche pur manger son petit déjeûner, une voix lui dit qu'il ne doit pas le faire. C'est impérieux mais il ne sais pas d'où ça vient. C'est une pathologie typique de l'adolescent (le moment où l'on devient un être en soi, un adulte...). L'adolescent a un objet de fixation : la musique, un sport ou autre. Il voudrait avoir la sensation de tout maîtriser. Quand ce n'est pas possible, il se choisit un objet qu'il connaît bien : son corps ou la nourriture. La démarche est bonne mais ce n'est pas le bon objet.
Y a-t-il une prévention idéale pour les jeunes ?
Idéale, non ! mais une prévention est possible. L'anorexie est cachée par le déni des parents et des patients eux-mêmes. Car l'anorexie ne se plaint pas. Au début de l'anorexie, l'adolescent, pour faire plaisir à son entourage, dissimule le mal, car il ne sait pas ce qui lui arrive et il ne peut pas l'expliquer. A ce moment, la prévention est encore efficace : il faut expliquer au patient qu'il s'agit d'un trouble et non de la volonté de ne pas manger (si la prévention ne se fait pas ou n'est pas efficace, ça le deviendra par la suite).
Que faites-vous quand cette volonté de ne pas manger s'est installée ?
Cette volonté n'est pas normale mais elle est forte. La personne anorexique se trouve divisée en deux parties : une "bonne" et l'autre "mauvaise".
La thérapie permet de gagner du temps vers la guérison. Le psychiatre valorise la "bonne" partie du patient, essaye de lui trouver d'autres objets d'intérêt et de motivation. En même temps, en s'adressant à la "mauvaise" partie, comme si elle constituait une deuxième personne, il tente de la mettre à mal. Car ces deux aspcts créent deux véritables personnalités au sein du patient. Nous travaillons également avec des nutritionnistes et les séances de groupe se pratiquent de plus en plus.
S'agit-il d'un dédoublement de la personnalité comme dans la schizophrénie ?
Pas du tout. Il ne faut en aucun cas mettre d'étiquette psychiatrique sur un adolescent. Pour eux, tout change si vite ! Ce dédoublement est
inhérent à l'adolescence. Il s'agit d'une bifurcation naturelle et structurelle. On ne peut pas comparer le comportement des jeunes à celui des adultes.
Quelles sont les améliorations à apporter dans le traitement de l'anorexie ?
Il faut travailler davantage sur la prévention. Cette ùamadoe est évolutive. Plus, plus elle est ancrée, plus vous vous éloignez de son origine, moins les traitements fonctionnent. Il est inutile de chercher des coupables, comme les parents dits négligents, les enfants compliqués ou l'image du corps idéalisée par la mode... L'anorexie est avant tout un problème avec soi-même et non la volonté de ressembler à un mannequin.
Pour en savoir plus :
Tout savoir sur l'anorexie et la boulimie par le Dr Alain Perroud aux éditions Favre (178 pages)
Deux associations françaises
Association "Je m'aime donc je vis" : 06 19 57 66 20
La note bleue : 01 45 22 20 00
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