On dit que l'adolescence est un état de crise. Il faut s'opposer à ses parents pour affirmer sa personnalité. Les valeurs de toujours se trouvent balayées par ce besoin de s'affirmer aussi on parle avec exagération, on prend des risques, on transgresse les interdits pour mieux se trouver.

    Avec tout ça, les parents sont un peu dépassés et ne savent plus comment nous "prendre", s'inquiètent à outrance parfois et en arrivent parfois, ne sachant plus que faire, à rompre le dialogue.

    "Mais comment réagir quand un grand dadais conduit un scooter sans casque et après une soirée très arrosée ? Ou quand une jeune fille, victime d'un coup de blues, lâche : "Au fond, ça sert à quoi de vivre ?"" 
      Faut-il fermer les yeux ou se faire des cheveux ?
      Quels sont les bons mots ?

      Des réponses et des conseils de Patrick Delaroche, psychiatre spécialiste de l'adolescence, et auteur de deux ouvrages intéressants aux Editions Albin Michel

• Adolescents à problèmes    &      Doit-on céder aux adolescents ?

Celle qui s'isole

se renferme

Que se passe-t-il au juste ?
      A peine sortie des cours, te voilà qui te cloîtres dans ta chambre pendant des heures, restant scotchée devant ta console de jeux, musique à fond. Lors du repas familial, tu ne décroches pas un mot quand tu ne gardes pas ton casque balladeur vissé sur les oreilles ?...

Il peut être normal de claquer parfois la porte au nez de ses parents.
      Dans un immense désir d'autonomie, on a besoin de préserver son intimité et sa chambre est-elle pas l'endroit idéal pour se retrouver avec soi-même ?
    C'est la période où l'on devient critique vis-à-vis de ses parents : on découvre leurs défauts et imperfections. On critique beaucoup. C'est une façon de se détacher et de se préserver d'une trop grande intimité avec eux. On devient plus indépendant dans sa tête mais on ne les aime pas moins pour autant !
      Par contre, celui ou elle qui s'isole durablement dans sa chambre, semble triste, se coupe de sa famille, de ses amis, se désintéresse de son travail en vivant totalement replié sur lui-même et s'abrutissant de musique, de jeux vidéo; allant même jusqu'à fermer ses volets pour s'isoler encore davantage... tout ceci traduit une dépression et l'entourage doit y être attentif.
    Les parents, la famille et les amis doivent faire savoir à ce jeune déprimé qu'ils perçoivent sa souffrance sans la minimiser (pas question de dire "allez, secoue-toi !" ni de le culpabiliser en lui disant "tu nous fais de la peine". Justement parce qu'ils l'aiment, ils souhaitent de tout coeur lui venir en aide en ne le laissant pas dans cet état.
      Peu de jeunes refusent de saisir les perches qu'on leur tend. Si l'aide des parents ne suffit pas, celle d'un spécialiste peut s'avérer nécessaire.


Quels conseils à donner aux parents ?

• Accepter tout simplement que leur enfant grandit !


• Ne jamais entrer dans sa chambre ou la salle de bains sans avoir frappé (et attendu la réponse "entrez").


• S'abstenir de ranger sa chambre. C'est son domaine, à lui de le prendre en charge. Lui dire simplement où se trouve le nécessaire d'entretien (chiffons, aspi, etc...)


• Faire un effort pour être moins envahissants, cela lui évitera de fermer sa porte à clef.

        Fumer

du hasch

Que se passe-t-il ?
    Un coup pour voir, faire comme les copains, ne pas être le ou la seul(e) à ne pas y avoir goûté... C'est banal, quand ça reste accidentel, passager. Plus inquiétant est l'usage régulier du hashich, utilisé alors comme un antidépresseur. Non, ce n'est pas forcément la porte ouvertes aux autres drogues mais cela signale peut-être un malaise, un mal de vivre.

Quels conseils à donner aux parents ?

• Calmement mais fermement, le rôle des parents est d'interdire de fumer à la maison. Ils seront surpris de voir que nombre de jeunes acceptent cette attitude.


• Si les parents ont remarqué l'usage du hasch chez leur enfant, ils doivent en parler avec lui et lui demander pourquoi il en éprouve le besoin ?


• Ils doivent en profiter pour expliquer que le hasch n'est pas une drogue anodine car elle peut provoquer hallucinations et confusion mentale.


• Ils doivent essayer de savoir d'où vient la drogue : lycée, collège ... et si c'est le cas avertir le proviseur pour faire cesser ce trafic.

        Parler

de la mort

      Tapisser sa chambre de posters morbides ; fasciné(e) par un chanteur rendu célèbre par son suicide ; hurler lors d'une dispute "je n'ai pas demandé à vivre !" résonnant comme un dégoût de la vie ; ou déclarer d'un air détaché que la vie ne vaut pas le coup. Tout ça inquiète les parents.

Que se passe-t-il ?

• Ne sommes-nous pas tôt ou tard traversés par des idées de suicide ? Mais de là à le faire ?


• Il est normal de parler de la mort même avec ses parents. S'interroger sur la mort et parler de ses propres convictions, ses croyances propres. Discuter du sujet sous tous ses aspects.


• Se contenter de faire des allusions du genre : "c'est nul la vie" démontre souvent que l'on n'ose pas s'ouvrir de ses inquiétudes. C'est aux parents d'attraper la perche qu'on leur tend. Qu'ils nous parlent de la vie avec ses moments de joie et de tristesse, des déceptions, mais aussi des bons moments qui nous attendent (les rencontres amoureuses, les voyages, les échanges, les soirées entre copains). C'est donc que la vie n'est pas si nulle !!!


• En profiter pour aborder le grand thème qu'est la vie. S'offrir la chance d'engager un dialogue enrichissant qui permettra de se connaître mieux et montrer qu'on s'intérsse à nos idées, à nos opinions...

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